Taxi Brousse

Taxi Brousse

Une excursion dans le temps et dans l’espace à la découverte de la musique Afro-Caribéenne.

Mouvement UP

Une excursion dans le temps et dans l’espace à la découverte de la musique Afro-Caribéenne. La musique africaine a influencé largement la création musicale. Il en est de même des Antilles et des Caraïbes dans leur globalité. Vous écoutez certains chants folkloriques d’Afrique du Sud (début du XXème) et vous pouvez entendre le ska jamaïcain (1950). Faites le même exercice pour une Cumbia colombienne, j’y entends l’afro-beat des années 50. Le merengue angolais, la rumba congolaise… la musique voyage et crée des liens! Tous les morceaux que l’on passe ici sont liés : la musique c’est le lien, mais pas qu’un lien culturel, un lien bien plus large, le lien de ceux qui l’aiment et qui l’écoutent, et de ceux qui la dansent. Bonsoir, je m’appelle Patrice Rivet et vous écoutez Taxi Brousse.

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Episode 30

Zanmi Kamarad – Claudette et Ti Pierre (Haïti)
Claudette Pierre-Louis et Ulrick Pierre formaient un duo assez inédit à la fin des années 1970 et dans les années 1980, combinant chant inspiré des traditions haïtiennes et synthés. Claudette était un peu plus vielle que Ulrick, qui lui était non-voyant.
Les sons minimalistes des claviers en font un album aujourd'hui recherché.
Cet album est le dernier enregistré par Ulrick PIERRE après onze ans d'une collaboration fructueuse avec Claudette PIERRE-LOUIS.
En février 1991, Ulrick est brûlé vif avec son ami Pierre FLEURVIL (violoniste) lors d'une représentation privée. Pour leur défense et expliquer leur geste, leurs meurtriers ont dit qu'ils croyaient avoir brûlé la maison d'un ancien macoute. Pour mémo, Ulrick et Pierre étaient aveugle.

Stromae / tectonique
Clavier Roland.

T’es trop récalcitrant, soit plus perméable, laisse toi pénétrer par Roland

Cassoulet en Grade – Gerargd Nerplat (Martinique)
Ce qu’on entend c’est ce qu’on appelle du gwosiwo (=gros+sirop)
C’est la musique du carnaval.
Tradition depuis le XVII.
Carnaval autour du gouverneur, cavalcades, mascarades.
Au début, il s’agissait de fêtes organisées en l’honneur du Gouverneur Du PARQUET et de sa femme Marie BONNARD. Cavalcades et mascarades se terminaient au château de l’Habitation « La Montagne » à Saint Pierre, résidence du couple et lieu de gouvernement de l’Ile.

Le Carnaval se manifeste aussi chez les esclaves par imitation des maîtres. Dans leur quartier (rue Case-nègre), ils créent ainsi un Carnaval spécifique en y introduisant tambours, danses et croyances africaines, et en y ajoutant des effigies.
Roi du Carnaval, « Sa Majesté Vaval ». C’est un mannequin en bois, le plus souvent satirique, à l’effigie d’un politicien, d’un personnage en vue, ou d’une institution qui a marqué l’actualité del’année. Il est promené dans toutes les rues en tête d’une foule en liesse et rythme les festivités du Carnaval.
A côté du roi du carnaval il y a les reines aussi.
Les reines du Carnaval somptueusementhabillées, élues dans les différentes communes de l’Ile. Chaque commune élit une mini-reine (fillette entre 5 et 12 ans), une reine et une reine-mère (femme de plus de 60 ans).

D’autres personnages : Neg Gwo Siwo, Marian Lapofig, Caroline Zié Loli, les malpwops...

Les neg gwo siwo sont des éléments subversifs du carnaval. Ils chahutent et effrayent les passants. Vêtus de simples pagnes, ils sont enduits de la tête aux pieds de mélasse, (sirop de batterie mélangé à de la suie). Ils sont craints du public et des carnavaliers qui craignent les salissures laissées par le sirop sur leurs habits. Ils se sont investis d’une mission mettre de l’ordre et ramener la discipline dans les rues. Le nèg gwo siwo malgré son apparence répugnante participe à redonner une dignité aux esclaves dissidents. Leur couleur fait en effet référence aux nègres marrons (nèg’ marrons). Ces esclaves échappaient à la vigilance de leurs maîtres et tentaient de retrouver une certaine liberté en gagnant dans la forêt. Le carnaval reste un lieu mythique de commémoration des actions d’éclats des combattants pour la liberté.


N’Kanuwe – Bembeya Jazz National (Guinée)
La fleuve Bembeya traverse la ville de Beyla, à l’Est du pays, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire. Ville où s’est créée le groupe en 1961.
Petit point géographie ! Guinée Équatoriale, Guinée-Bissau et Guinée.
La Guinée qu’on appelle aussi Guinée-Conakry du nom de sa capitale, et la Guinée-Bissau, qui a pour capitale... ? Bissau !
Ces deux Guinée sont tous les deux limitrophes, et sont à la frontière Sud du Sénégal, c’est à dire sur la côte Atlantique Nord-Ouest de l’Afrique.
La Guinée Équatoriale, quant à elle, est bien plus au Sud, aussi sur la côte Atlantique, mais encastrée entre le Cameroun et le Gabon. Sa Capitale c’est Malabo, elle est située sur une île qui est, elle, à plus de 200k des côtes du pays, en face de Douala la capitale du Cameroun.
Faut l’apprendre par cœur tout ça !
C’est comme Lituanie, Lettonie et Estonie ! Où ? Dans quel sens ? Quelle capitale etc...
Revenons à nos moutons !
Attention ! Bembeya Jazz, devient orchestre National à partir de 1966.
C’est sur ordre du premier président de la République de Guinée, Ahmed Sékou Touré, qui pour ranimer la culture guinéenne, mise sur la promotion de la culture nationale, et donc Les orchestres privés sont dissous et les musiciens deviennent des fonctionnaires

En 2011, le groupe reçoit le « prix du meilleur orchestre africain des 50 dernières années » lors de la 8e édition du festival des Tamani d'Or à Bamako, au Mali, suite à la part importante qu’il a pris à la naissance d'une culture proprement guinéenne, à la suite de la politique culturelle du président Sekou Touré dès l'indépendance du pays en 1958.


El Carretero – Guillermo Portabales (Cuba)
« El Carretero », le charretier en français.
C’est de la guarija.
Si la salsa est omniprésente dans les villes cubaines, où elle maintient les danseurs éveillés jusqu’à l’aube, la musique guarija, elle, règne sur les campagnes.
Les campagnes qui au XVIII commencent à être peuplées de nouveaux arrivants qui viennent d’Andalousie ou des Îles Canaries.
Ils amènent avec eux leurs rêves de richesse comme leur culture musicale. Ils vont donc mélanger le punto aux percussions indigènes et ça va donner ce que l’on appelle la guarija.
Dans ces chansons on parle de la vie à la campagne, de ses joies et de ses mésaventures.
C’est Guillermo Portabales l’auteur de cette chanson, qui est surtout connue depuis la reprise de Buena Vista Social Club.
« Moi je travaille sans relâche, pour pouvoir me marier,
Et si j'y arrive je serai un paysan heureux
Moi je suis paysan et charretier, et a la campagne je vis bien
Parce que la campagne, c'est le plus beau paradis sur terre. »

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Episode 29 - Spéciale Congo

A—
On va vous raconter aujourd’hui une tragédie grecque, l’histoire d’un roi qui se prenait pour dieu et qui avait imaginé son royaume aussi vaste que sa propre grandeur.
Léopold II roi des belges, né en 1835.
Il est le cousin de la Reine Victoria d’Angleterre, et le petit-fils du roi de France, Louis-Philippe 1er.
Mais alors comment un régent possédant une lignée aussi prestigieuse, aussi parfaite, pouvait rester enclavé dans ce petit territoire d’à peine 30 000 km2 ?

Insensé ! Impensable !
Il entreprend alors, à la fin des années 1870, le projet fou de s’attacher les services de l’explorateur britannique Henry Morton Stanley, et lui demande de trouver en Afrique, un territoire assez grand qui ferait de lui un Roi parmi les Rois.
Stanley est déjà bien habitué de l’Afrique, et en la traversant d’Est en Ouest, il trouve un large territoire sur ce qui était auparavant le royaume du Kongo.
En moins de 5 ans, Léopold transforme le Congo en des terres privées, et crée l’Association Internationale pour l'Exploration et la Civilisation de l'Afrique Centrale, avec ce que l’on nommera ironiquement des ambitions « humanitaires et évangéliques ».

Les Chambres législatives belges, par une résolution adoptée à la Chambre des représentants, le 28 avril 1885, et au Sénat le 30 avril, autorisent Léopold II à devenir chef d'un autre État : « Sa Majesté Léopold II, Roi des Belges, est autorisé à être le chef de l'État fondé en Afrique par l'Association internationale du Congo. L'union entre la Belgique et le nouvel État sera exclusivement personnelle. »
« Personnelle » signifie que, c’est un territoire privé, appartenant exclusivement au roi Léopold II. Jamais ses ministres ni son gouvernement ne seront consultés dans la gestion du Congo.

1 – Kila Mwako – Isaya Mwinamo & Tom Miti

B—

L’avènement de l’automobile demande de plus de caoutchouc, et ça tombe bien puisque le Congo est le premier producteur au monde.
L’armée, et les missionnaires belges s’occupent pour le compte du roi, de tisser un important réseau d’exploration et d’exploitation.
Les ressources sont tellement abondantes, que le roi est obligé d’ouvrir ses frontières aux entreprises étrangères en ponctionnant une partie de leur bénéfice. Le Congo devient ainsi le plus grand camp de travail forcé jamais conçu : 2 millions de Km2 pour 20 millions d’habitants.
Les profits augmentent au même rythme du nombre de morts

Durant 25 ans, l’armée belge, pour le compte de leur roi, torture ou commandite des exactions d’une atrocité rare.
On brûle, on tue, on torture, on tranche de têtes, des mains, des pieds.
Si les villageois ne réussissent pas à fournir suffisamment de nourriture, on flagelle les corps à la chicotte, un fouet dur et puissant fait de peau de rhinocéros qui peut découper un homme en morceau.
On verse de la résine de copal brûlante sur les visages des fautifs.
On coupe les mains droites des hommes, des femmes et des enfants qui ne fournissent pas assez de caoutchouc.
On enferme les femmes des récoltants, que l’on ne libère que si les hommes rejoignent les quotas fixés.

Dans certains districts on éradique 70-80-90% de la population comme ça.
Les missionnaires et les touristes qui sont confrontés à ces atrocités s’élèvent pour exiger que le Roi Léopold soit condamné à la pendaison.

2 – Mam’alobi Na Bala Yo - Bowane

C—
Mais les gains de Léopold II lui servent à s’acheter des soutiens un peu partout dans le monde, et au lieu de la pendaison, on réinvente Léopold II en grand humaniste et civilisateur.

On estime avec prudence, que de son vivant, le monarque retirera personnellement du Congo une fortune évaluée à 220 millions de francs de l’époque, l’équivalent de plus de 6 milliards de francs français, soit un peu moins d’un milliard d’euros.

En 1908, les pressions étrangères qui sont faites, sur l’affaire des mains coupées, et le compte rendu de la Commission d'enquête sur les exactions commises dans l'État indépendant du Congo, contraint Léopold II à laisser l’état belge annexer l’État « indépendant » du Congo, comme il l’aimait l’appeler.
« Indépendant » étant ici employé comme synonyme de libre, où l’on peut y faire ce que l’on veut n’est-ce pas.

Joseph Conrad, célèbre écrivain du XXème siècle, écrira lors de son voyage à travers les terres du Congo :
« Ils attrapaient tout ce qu’ils pouvaient afin de ne pas en perdre une miette. C’était un pillage avec violence, un meurtre aggravé à grande échelle propre à ceux qui s’attaquent aux ténèbres »

3 --- Niyekese – De Wayon

D—
Embrigadé de force pour cause d’indiscipline lors de sa scolarité chez les pères missionnaires, le petit Joseph-Désiré fait l’apprentissage, durant 7 ans, de la soumission et des humiliations, dans le corps de l’armée colonial belge.

Puis, à 20 ans, il devient journaliste pour le journal l’Avenir.
Il sera d’ailleurs l’un des seuls à témoigner des émeutes et manifestations anti-colonialistes, au Congo.
Dans les années 50, Patrice Lumumba, ce beau jeune homme intelligent de 30 ans, symbolisant le désir d’indépendance du Congo, et dont Mobutu est déjà le disciple, est arrêté par les autorités coloniales.
Un an plus tard, il est libéré et part à Bruxelles négocier l’indépendance avec le roi Baudouin, arrière-petit-fils de Leopold II.
Par le plus grand des hasard, Mobutu était Paris à cette époque, détaché pour le compte de son journal.
C’est en se rendant à Bruxelles qu’il rencontre Lumumba, qui se prend d’affection pour ce jeune journaliste et le place sous son aile, lui faisant prendre part aux discussions et aux débats organisés à l’occasion de cette table ronde.

Lorsque Lumumba sera premier ministre et créera le gouvernement, il nommera d’abord Mobutu secrétaire d’état, puis, ministre des armées.
Le premier soulèvement populaire scinde le clan.
Lumumba accuse l’ancienne puissance coloniale de fomenter des troubles. Mobutu, quant à lui, affirme sa fidélité aux puissances occidentales, et accuse Lumumba de sympathies communistes.
Nous sommes en pleine guerre froide, et les États-Unis ne voient pas le communisme d’un très bon œil.
On raconte que Washington préférait voir le premier ministre congolais disparaître du paysage politique coute que coute.
Les troupes du colonel Mobutu, encerclent la maison de Patrice Lumumba, et le place en résidence surveillée, puis l’incarcère avec ses compagnons.

4 --- Indépendance Cha Cha – Grand Kallé

E—
Lors de leur transfert dans la province du Katanga, Lumumba et ses confrères seront victimes de terribles sévices.
Les journaux raconteront que l’ex-premier ministre a été tué par des villageois, mais la vérité, que l’on connaît maintenant, est plus perverse.
Patrice Lumumba, succombe à de multiples blessures, on ordonne à un officier de police belge de découper, et détruire le corps de Lumumba, en le plongeant dans l’acide sulfurique. Il ne doit rester aucune trace.

Une fois le premier ministre assassiné, le chef d’état-major Mobutu contraint le président de la république congolaise, Joseph Kasa-Vobu, lui aussi, comme Lumumba, artificier de l’indépendance congolaise, de partager le pouvoir.

Les partisans de Lumumba se rebellent et prennent le contrôle des deux tiers du pays. Mais Mobutu aidé par les belges et les Etats-Unis triomphe des rebelles.
Il est nommé aux plus hautes fonctions de la hiérarchie militaire et rêve désormais de la fonction suprême.
Il destituera le président et le nouveau premier ministre, qu’il condamnera à la peine capitale.
Le 31 mai 1966, à Kinshasa, dans l’enceinte du Stade Kamanyola, un monde fou, ameuté par la propagande officielle. Ils se bousculent pour venir voir le spectacle macabre de la pendaison publique de ses 4 anciens ministres condamnés pour complot contre les institutions.
Jamais pareil évènement n’était arrivé en public dans l’histoire du pays.

5 --- Vive Patrice Lumumba – African Jazz
Muhammad Ali's Rumble in The Jungle Speech https://www.youtube.com/watch?v=lkmJ6aKNQDQ
F—
C’était Mohamed Ali quelques semaines avant le célèbre combat « rumble in the jungle » face à George Foreman. Combat qui a eu lieu à Kinshasa en 1975
« Un cadeau du président Mobutu au peuple zaïrois, et un honneur pour l’homme noir » y’avait-il écrit sur les affiches de promotion.
Le combat est organisé par Don King, et il est rendu possible par l'offre de cinq millions de dollars faite au champion et au challenger par Mobutu qui souhaite ainsi faire la promotion de son pays.

Ironie, 5 ans après l’assassinat de Lumumba, Mobutu réhabilite son image en le hissant à la place de héros national, martyr de la nation congolaise, mort pour la libération.
Pur cynisme politique, il désirait sans doute montrer que lui aussi était l’un des grands libérateurs du Congo, l’homme qui avait réalisé l’indépendance.

L’adhésion au parti unique est obligatoire pour tous les citoyens. « Les ancêtres et même les fœtus » dit le slogan.
Pour frapper l’imaginaire du peuple congolais, il rebaptise la monnaie, le pays et le fleuve. La monnaie devient zaïre, le pays devient Zaïre, et le fleuve devient Zaïre.
Les prénoms occidentaux ou chrétiens sont banni, et Mobutu donne l’exemple en s’appelant désormais « Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga » , autrement dit « Mobutu le guerrier, qui va de victoire en victoire sans que personne puisse l’arrêter »

A partir de ce moment, la propagande se met définitivement en place. Mobutu est partout, on le chante, on le prit, on le loue, il est élevé au rang de dieu : Mobutu ici, Mobutu là-bas, Mobutu partout. Il sera le prophète des africains

Peu à peu, se met en place un concept, un mouvement politique, que plus tard en 1971, Mobutu nommera la « Zaïrianisation ».
Revenir à une authenticité africaine des toponymes et des patronymes, en supprimant tout ce qui est à consonance occidentale.

6 --- Kongo Nsi Eto – Mavula Baudouin

G—
Rendre au zaïrois ce qui appartient aux zaïrois.
Les étrangers qui font commerce de produit zaïrois sont déboutés.
« Je concevais mal, qu’un étranger belge, français ou hongrois vienne s’installer ici pour revendre au zaïrois la bière qui sort des brasseries de Kinshasa et gagner de l’argent là-dessus, vivre là-dessus.
Ce n’est pas un mal propre à la république du Zaïre ou aux seuls zaïrois, c’est un mal qu’on trouve partout dans n’importe quel pays au monde, même chez vous. Qui nous a appris la corruption ? Je crois que c’est vous-autres. Ce n’est pas une nouvelle invention du Zaïre » dit Mobutu.

Lorsque des opposant zaïrois en exil attaquent le sud du pays, la France lui vient en aide militairement et parachute la légion étrangère.

Lorsqu’il organise une soirée jet-society international. Sont présent à l’évènement l’état-major du président français, le président du patronat au zaire, des ex-ministres belges, des députés américains, un ex-premier ministre français (Raymond Barre), le fils du président Mitterand etc…

Mais malgré l’excitation du pouvoir, malgré la fortune et la puissance, parfois la mélancolie le gagne.
Les soirées, et les fêtes dérapent de plus en plus, rien n’est trop beau, ni trop riche.
La générosité de Mobutu éclabousse ceux qui lui sont autour, les chefs de province, sa famille, et quelque politiciens étrangers aussi, qui venaient lui dire « vous savez nous allons entrer en période électorale, si nous gagnons, nous allons beaucoup vous aider… »

7 – Longwa Pt.2 – Orchestre Super Mazembe

H—
Mais les zaïrois se lassent de danser et de chanter à longueur de journée.
Le proverbe dit : « ventre affamé n’a pas d’oreilles ».
Les bouches parlent et dénoncent le MPR Mouvement Pour la Révolution, qui devient le Mouvement des Pourris de la République.
En 1969, c’est la révolte étudiante. Elle provoque une razzia de l’armée qui tire à bout portant sur la foule amassée à Kinshasa. Les survivants, sont condamnés à 12 de prison.
Mobutu ferme l’université et incorpore tous les étudiants dans l’armée, pour qu’ils apprennent à se taire, défiler, et ramper.
Lorsque l’église émet quelques réserves quant à la politique du parti unique, elle est courtoisement priée de rester à l’écart.

Les services de sécurité sont implacables. Toutes tentatives de coup d’état, de révolte, sans parler d’assassinat, est inévitablement contrées et très fortement punies. La plupart du temps par la peine de mort.

8 -- Mobutu V - Franco

I—
Georges Bush père, lors d’un voyage de Mobutu à la maison blanche, est dithyrambique à l’égard du père de la nation zaïroise.
« Un de nos amis les plus précieux » disait-il, dont « je suis fier et très très très heureux de le comptez parmi nous ».

Jacques Chirac, tout sourire, explique au micro de l’ORTF, toute la joie qu’il a eue à rencontrer Mobutu, et toute l’estime dont le président joui en France comme en Europe, le respect dont il est auréolé dans nos pays. « Et s’agissant de moi, disait-il, sachez que j’ai des sentiments très profond pour lui et très respectueux, mais qui sont les sentiments de l’affection. Si bien qu’un entretient avec le président Mobutu est toujours pour moi quelque chose d’extrêmement agréable et où j’apprends toujours beaucoup. »

Giscard : « Je suis un ami du Zaïre, j’ai eu l’occasion de le montrer. Et je suis un ami personnel du président fondateur que je connais très bien depuis longtemps, d’abord par amitié que j’ai vu il y a quelques semaines, et aussi parce que nous sommes des citoyens français mais nous sommes avant tout des citoyens du monde, et les problèmes actuels sont des problèmes mondiaux et il faut connaître les problèmes mondiaux sur place. »

Tous les gouvernements l’aiment. Le pouvoir belge avec en tête le roi Baudoin, tous les politiques successifs américains, français, les pays de l’Est…

En juillet 1989, lors d’une intervention à l’assemblée générale des nations unie, où il avait été invité, Mobutu est interrompu, en plein discours, par des dissident hurlant « Mobutu is a murderer » Mobutu est un assassin.

Ah !

9 – Afrique de l’Ouest – Docteur Nico & l’African Fiesta Sukisa

J—
L’assassinat de son grand ami Ceausescu, en 1989, quelques mois après l’incident qu’il a connu à l’ONU, marque un changement net dans le comportement de Mobutu. Il réalise que le peuple peut tout, y compris renverser un pouvoir et exécuter son dictateur, tout père de la nation qu’il est.
Il est prêt à écouter le peuple, à organiser un referendum, et à signer la fin de 30 ans de parti unique.

C’est ce qu’il fait, le 24 avril 1990 devant une salle bondée et acquise à sa cause, son discours est clair, il ouvre la politique au multi-partisme et à chaque citoyen la liberté d’adhérer au parti de son choix.
Lui, prendra congé du mouvement populaire de la révolution, mais restera quand-même le chef de l’état, au-dessus des partis politiques. Il sera l’arbitre.
Il ouvre un grand débat de société, mais les langues se délient, et des leaders d’opposition naissent.
« A bas le dictateur, à bas le voleur, à bas le pilleur… » entend-t-on dans les rues de Kinshasa.
Désormais le lions n’a plus de dents, ni de griffes, et tout le monde dans la rue a commencé à injurier et à démystifier Mobutu.
Les portraits du « roi léopard » sont déchirés et brûlés en public.
Ce grand débat prend des proportions inattendues.

10 – L’Âge de l’Amour – Tabu Ley Rochereau

K—
Blessé dans son orgueil, Mobutu suspend la conférence nationale, il ne lui pardonne pas de s’ériger en tribunal populaire contre son régime.
Lorsque le peuple se mobilise pour manifester pacifiquement, le pouvoir réprime par le sang et la mort.
Ses soutiens étrangers le lâchent peu à peu, en commençant par le roi belge.
Mobutu se réfugie alors dans son village natal, au beau milieu de la jungle, où il se fait construire un luxueux palais présidentiel.
Seul et acculé, il cherche le réconfort auprès des villageois de sa région.

Lorsque deux de ses fils meurent à deux ans d’intervalle, en 93 et en 95, soudain, s’estompe les fureurs de la conférence nationale, et réapparait la fibre affective bantou qui rappelle les alliances souterraines enracinées.

Mais une grande crise frappe le pays. L’armée n’est plus payée et se sert elle-même dans les commerces de la capitale.

Profitant d’une absence prolongée du chef à Genève pour soigner son cancer de la prostate, une rébellion naît à l’Est du Zaïre et déferle sur tout le pays.
La rébellion est dirigée par un ancien dissident, proche de Patrice Lumumba: un certain Laurent Désiré Kabila

Tous ceux qui ont fait de Mobutu un roi l’ont abandonné, ils ne veulent plus de lui. S’il revient à Kinshasa, il sera trainé dans les rues de la ville, son corps sera torturé.

Une dernière tentative a lieu en présence de Nelson Mandela, de Mobutu et de Kabila pour rétablir le pouvoir de l’ancien lion.
Kabila n’aura qu’un mot : « démission ».

Le lendemain matin, Mobutu est à l’aéroport, ses anciens généraux fuient de l’autre côté du fleuve Congo, ses derniers fidèles sont lynchés, un pneu en feu autour du corps

Le 8 septembre 1997 Mobutu meurt au Maroc, loin de la terre de ses ancêtres.
Le demi-dieu n’était pas immortel.
Après lui, viendra la dynastie des Kabila dont ils seront nombreux à être assassiné par des hommes en tenue militaire, des hommes de l’ombre. Des crimes qui ne seront jamais élucidés.

11—Beza Bakili Ma Nyon – Ondigui & Bota Tabansi International

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Episode 28

Mme Mavounzy, la chanteuse sur ce morceau, c’est la maman d’un certain Robert Mavounzy, l’un, si ce n’est LE meilleur saxophoniste français, en tout cas c’est comme ça que le défini la revue Jazz Hot, revue jazz la plus vieille du monde. Et c’est lui qui joue sur ce titre, avec sa mère à la voix.
Je me suis renseigné, et il y a une petite cocasserie sur cet album, c’est que les paroles des chansons de ce disque sont truffées d'allusions sexuelles, et il semblerait qui soient mieux acceptées venant d'une dame âgée et donc respectable. En tout cas ce titre raconte l’histoire d’une femme qui couche avec trois hommes différents.
Licifè Belzebithe Mac Mahon– Mme Mavounzy Lise (Guadeloupe).

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Episode 27

[Yen Nyaa Wo – Nana Adomako Nyamekye (Ghana)
Nana Adomako Nyamekye est un ex-officier de l’armée ghanéenne.
D’ailleurs c’est étonnant comme la musique et l’armée sont liées dans ce continent. Nombreux sont les hommes qui, soit après ou soit avant leur carrière militaire ont été des formidables artistes.
Quoi qu’il en soit, Nana Adomako Nyamekye a une histoire intéressante.
Le Ghana, dans les années fin 70 début 80 connaît une période très agitée par les divers coups d’état successifs que mène le sanguinaire lieutenant JJ Rawling (aucun lien avec JK Rawling et Harry Poter).
JJ Rawling ordonnera à Adomako Nyamekye et ses hommes, d’assassiner ou au moins d’arrêter le président et le vice-président ghanéens en place à cette époque, j’ai nommé Hilla Limann et Joseph de Graft Johnson.
Il sabordera sciemment la mission et s’enfuira. Il est aujourd’hui revenu au Ghana.

On Verra Ça – Touré Kunda (Sénégal)
« Tu m’as fait travailler, sans assez payer, et je suis épuisé de toutes ces corvées. »
Une des premières formations africaines à s’être imposé en France, c’était à la fin des années 70. Les frères Touré avec Ismaïla, Sixu et Amadou qui les rejoint plus tard.
Mais les années 80 seront marqué par le décès du plus vieux des frères, Amadou, qui sera remplacé par le cadet Ousmane.
La suite ne sera qu’un enchaînement de record. Des albums vendus à plus de 200 000 exemplaires, des tournées dans toutes l’Afrique, l’Europe, les États-Unis, le Japon...
« On verra ça », est extrait de leur premier album E’mma Africa sorti en 1980.

Sparrow vs Melody Picong – Mighty Sparrow (Trinidad et Tobago)
En fait c’est un petit morceau très drôle où Mighty Sparrow se vanne lui-même en faisant une battle entre deux personnages, et ça bastonne pas mal.
Ta meuf c’est un chimpanzé, et toi t’as une gueule de zombi, je vais te larder de coup de couteau etc...
« Picong » c’est une créolisation de « piquant » pour signifier le côté taquinerie.

Me Lo Conto Pedro Alcides – Al Carrao De Palmarite (Venezuela)
Juan de los Santos Contreras de son vrai nom. Un des plus célèbres chanteur llanero.
Un llanero c’est une sorte de cowboy vénézuélien/colombien.
Leur nom leur vient des llanos, une vaste plaine herbeuse, marécageuse, une sorte de savane qui occupe l’ouest du Venezuela et l’est de la Colombie.
Les llaneros sont majoritairement d’ascendant d’espagnols et d’indiens, et ont développé une culture et une musique distinctes.
Pendant les guerres d’indépendance du Venezuela, des llaneros on grossit les rangs des cavaleries des deux parties en présence. En 1819, une armée de llaneros, dirigée par Simón Bolívar et José Antonio Páez, écrasa un contingent espagnol lorsqu'il franchit les plaines de l’Orénoque et les montagnes des Andes.

El Moján – Son Palenque (Colombie)
Au nord de la Colombie on trouve San Basilio de Palenque, petit village sur les contreforts du Montes de Maria au sud de Carthagène.
C’est dans cette région que se situe l’histoire que je vais vous raconter.
Benkos Biohó, aussi connu sous le nom de Domingo, esclave "marron", est né sur le territoire de la Guinée-Bissau, à la fin du XVIe siècle. Il est capturé par l'entrepreneur portugais Pedro Gomez Reynel puis vendu en 1596 par l'Espagnol Alonso del Campo, à Carthagène, à l’époque grand port de la traite négrière. Après une longue vie d’esclave et de rameur sur le fleuve Magdalena, Benkos réussi à s’échapper et organise une armée de fugitifs dans les Montes de Maria.
Son rêve, prendre Carthagène et partir rejoindre Afrique,
Pendant cinq ans, la guérilla lance des attaques contre les postions espagnols, et réussit bientôt à dominer toutes les montagnes de la Sierra Maria.
Le gouverneur espagnol est obligé de signer un traité de paix et de leur laisser une portion du territoire, qui est aujourd’hui Palenque de Sans Basilio, le village où à l’époque les marrons pouvaient s’établir en tant que peuple libre.
La suite de l’histoire vous l’imaginez, en 1621, suite au changement de gouverneur, les autorités changent de stratégie et l'arrêtent. Il est fait prisonnier puis pendu et écartelé en place publique le 16 mars 1621.

Adiza Claire – Orchestre Super Borgou de Parakou (Bénin)
Ce son-là, à la guitare, il n’y a qu’en Afrique qu’on le trouve, et pour cause, c’est la marque de fabrique du soukous congolais auquel on ajoute le rythme cadencé et militaire de la caisse claire.
L’Orchestre Super Borgou c’est l’idée de deux amis, Moussa Mama et Menou Roch, qui reviennent de nombreux voyage en Afrique et décident de s’inspirer de ce qu’ils ont entendu dans les pays voisins.

Soumba – Kebendo Jazz (Guinée)
Un classique de la musique guinéenne.
Soumba ! Comme les chutes de la Soumba petit joyaux guinéen.

Arroz Con Coco – Lucho Bermudez (Colombie)
« Arroz » veut dire riz, et « con coco » , à la noix de coco.
Un plat populaire de l'Asie du Sud-Est, à l’Amérique du Sud, en passant par la péninsule indienne, l’Amérique centrale, les Caraïbes et l’Afrique de l'Est.
En fait y a que chez nous qu’on ne mange pas de Riz à la noix de coco...
Pour pallier à ça, voilà tout de suite la recettepour réaliser un bon riz à la noix de coco.
Il vous faut :
500g de riz longs grains, 2 fois le volume de riz en eau, 400ml de lait de coco, 1 oignon, de la noix de coco râpée, 40g de sucre de canne et des raisins sec.
Faite réduire dans une casserole le lait de coco jusqu'à avoir une pate épaisse bien ambrée.
Ajouter le riz et bien mélanger pour enrober tout le riz, du gras de coco.
Faites-le légèrement toaster.
Ajouter ensuite l’eau dans le riz, le sel et le sucre.
Laisser mijoter à feu doux sans mélanger.
Lorsque toute l’eau a été absorbée ajouter les raisins.
Laisser reposer 15/20 minutes que le riz s’assèche un peu et que les raisins gonflent avec la vapeur.
Déguster !

Touflé – Hamad Kalkaba and The Golden Sounds (Cameroun)
Dans les années 70 le groupe est composé de 13 gus tous venus des rangs de la garde républicaine camerounaise, tiens encore, Hamad Kalkaba et 12 membres des The Golden Sounds. Ils enregistrent 2 albums 45 tours.
Dans les années 80 Kalkaba quitte le groupe
Les Goldens Sounds enregistreront encore 5 albums dont le célèbre tube « Zangalewa » énorme succès en 1986 et meilleur titre africain en 93.

Belema – Opotopo (Nigeria)
Le village de Belema, situé dans le sud du Nigeria, vit depuis 37 ans dans l'ombre (et la pollution) d'une station pétrolière gérée par la compagnie Shell. Malgré les abondantes richesses pétrolières, les habitants de la région disent n'avoir jamais profité des revenus générés par l'or noir. En dépit de prix bas en 2016, l'exportation de pétrole a rapporté 28 milliards de dollars au pays.

Iene Miene Mutte – Max Nijman (Suriname)
Iene Miene Mutte c’est l’équivalent du « am stram gram » français, mais en néerlandais. Cette version sur un rythme qu’on appelle le Kaseko, qui est originaire du Suriname et qui mélange à la fois ce rythme de marche militaire à la caisse claire et des cuivres. Ça date du début du XXème, mais depuis les années 70, il est popularisé par les artistes surinamiens parties à la métropole. Généralement c’est de la musique de rue, joué par des fanfares.

Travail Zenfants ! Chantez Après ! – Casimir Létang (Guadeloupe)
Produit par le label Disques Debs tenu par monsieur Henri Debs. Depuis la fin des années 70 Henri Debs, guadeloupéen de naissance, est le plus gros producteur de musique antillaise au monde. Il a des boutiques dans les caraïbes et à Paris et contribue à la découverte du Cadence puis de zouk, dans la métropole et sur le reste de la planète.

Mon Pois l’est Au Feu – Alain Péters (La Réunion)
Tous les artistes réunionnais qui se respectent s’accordent, Alain Péters est un monument majeur de la musique réunionnaise. Un musicien, un chanteur, un compositeur mais aussi un poète, maudit. Déchiré et déchirant. A la Baudelaire.
Danyel Waro dit de lui d’ailleurs « son boire c’est son déboire ».
Il meurt à 43 ans d’un infarctus dans une rue de Saint-Denis.
Un joli documentaire lui a été dédié, je vous le conseille, il est visible sur internet : « Une vie réunionnaise - Alain Peters mange pour le cœur ».](https://www.mouvement-up.fr/articles/taxi-brousse-chemin-27/)

En cours de lecture

Episode 26

El Arroyo Que Murmura – Guillermo Portabales (Cuba)
Un monument de la musique. Connu non seulement à Cuba, mais dans toute l’Amérique Latine.
Il est le compositeur du célèbre morceau « El Carretero » repris par Buena Vista Social Club sur leur album phare avec Chan-Chan
Un pilier de la musique cubaine moderne qui a redonné toutes ses lettres de noblesses à ce style qu’est la Guajira plutôt ressemblant à u n style qui a été importé d’Andalousie et des Canaries au XVIIème par les conquistadores.
La musique caribéenne c’est donc un mélange des musiques autochtone, africaine, et européenne.

Djie Ding Sranangman – Sonora Paramarera (Suriname)
Merengue surinamais.
La capitale du Suriname ? Tu la connais ? Hum !?
Mais oui, bien sûr, Paramaribo.
Et Sonora Paramarera veut par conséquent dire l’orchestre, la fanfare, les musiciens de Paramaribo !

Rumulus Tunga – George Mukabi (Kenya)
Une toute petite carrière pour cet artiste décédé trop jeune suite à une dispute avec la famille de sa femme.
Il laisse derrière lui une trentaine de morceau, et un fils, lui aussi guitariste âgé aujourd’hui d’une 60aine d’année.
Ce morceau est enregistré par le fils d’ailleurs, puisque Johnstone Ouko Mukabi à sortie en 1985 un vinyl avec sur la face A les chansons enregistrées par son père et la face B, des reprises qu’il a fait de musique écrites par son père.
L’album s’appelle « Mtoto Si Nguo ».

Beza Bakili Ma Nyon – Ondigui & Bota Tabansi International (Zaïre)
Ça date de 1973, et c’est la rencontre entre le soukous congolais et le highlife ghanéen, une dérivation très intéressante : le highlife-soukous.
On garde le rythme soukous qu’on ralentit un peu, on fait rentrer des cuivres, on amplifie la ligne de basse, derrière...
Début des 70’s c’est aussi le début de l’Afrobeat, et bien que le highlife-soukous était le son des soirées nigérianes pendant les 70/80’s, au niveau international il a été supplanté par l’éclosion de l’Afrobeat.
Sauf à un endroit : La côte caribéenne de la Colombie, ou l’on pouvait encore écouter du highlife-soukous. On aime beaucoup la musique Afro dans ce coin particulier du monde. C’est l’endroit où les anciens esclaves s’étaient installés. Depuis les années 60, un courant musical afro-colombien est en train de voir le jour.

Viva Nigeria – Fela Kuti (Nigéria)
Parce que son nom en entier c’est plutôt Fela Hildegart Ransome Anikulapo Kuti, mais il le recto de l’album n’aurait pas suffi à tout écrire alors on a simplifié à Fela Kuti.
Fela Kuti c’est le père de l’Afrobeat, et ses deux fils Seun et Femi sont les dignes représentants de leur père.
Fondateur de l'organisation République de Kalakuta au Nigeria, qui est le nom que le musicien Fela Kuti donnait à la maison accueillant sa famille, les membres de son groupe et son studio d'enregistrement. Située à Mushin, dans la banlieue de Lagos, elle abrite aussi une clinique gratuite. Fela déclare son indépendance vis-à-vis du gouvernement nigérian après son retour des États-Unis en 1970.
Et ce titre date justement de 1970 !

Massani Cissé – Orchestre Laye Thiam (Sénégal)
Laye Thiam, de son vrai nom Abdoulaye Thiam est un monstre de la musique sénégalaise, et j’espère que vous l’aurez compris parce que ce morceau est quand même énorme !
Abdoulaye et son orchestre ont collaboré avec les plus grands artistes sénégalais : Star Band, Youssou n’Dour, Orchestre Baobab...
C’est une ré-édition du label Analog Africa, toujours aussi bon quand il s’agit d’aller digger des pépites inconnues au fin fond de l’Afrique.

Hommage à Omar Bongo – Gnonnas Pédro (Bénin)
Effectivement, on ne peut que rendre hommage au dévouement d’Omar Bongo vis à vis de la France.
Il a toujours été un homme d’État très proche des intérêts des gouvernements français.
Quel qu’ils soient d’ailleurs.
Il faut dire qu’il a été au pouvoir de 1967 à 2009, il en a croisé des présidents français.
En tout cas on le remerciera pour son allégeance, pour l’uranium qu’il nous a fourni, le pétrole aussi, et les différentes mallettes qu’il a pu faire déposer dans les divers cabinets ministériels des différents pays.
Et on saura bien lui rendre puisque son principal opposant, Germain Mba, est assassiné en 1970 à Libreville, par deux mercenaires français. Rien, cependant, ne permet d'incriminer le président gabonais

Joromi – Sir Victor Uwaifo (Nigéria)
Joromi est un mot qui vient du Nigeria, cela peut signifier : soit un style de robe ou gilet brodé, soit un style de musique high-life popularisé par Sir Victor Uwaifo.
Dans le folklore ancien, Joromi était un guerrier qui combattait et battait tous les rivaux possibles sur terre.
Sans rivaux sur terre pour s'engager dans la bataille, il a décidé de se battre avec des êtres de l'au-delà.
Défiant les avertissements des anciens du pays, il s'est engagé dans une bataille avec un guerrier de l'au-delà, mais il n'est jamais revenu pour dire s'il était victorieux.
C’est l'histoire de Joromi que Sir Victor nous raconte dans ce morceau.

Sensenko – Tele Jazz (Guinée)
Très exactement Tele Jazz de Télimélé.
Télimélé qui est une belle bourgade au centre de la Guinée, croisement de la N21, de la N22 et de la célébrissime N24, la nationale qui vient de nulle part et va nulle part.
Le télé Jazz était l’orchestre fédérale de la région de Télimélé

La Grosse Poupée – Jacques Bracmort (Guadeloupe)
Petite biguine rigolote !
1969, c’est la date d’enregistrement de cet album, qui sera le dernier de Jacques Bracmort. Puisqu’il décèdera dans un accident de moto cette même année.
Il est accompagné du groupe les Maxel’s, un groupe formé d’amis qui se connaissent depuis le lycée. Sous la houlette de Monsieur Labor dit Jean Goubè qui était saxophoniste lui-même et qui a supervisé l’encadrement de ces jeunes. Et d’ailleurs Malxel’s ça vient de la contraction de Max et Edouard Labor, ses fils.

El Aguardientosky – Los Graduados (Colombie)
Petite Cumbia colombienne rigolote !
« Sírvame un aguardientosky
con limonsosky
cantinerosky
Y tranquilos hermanosky
que yo tengosky
con que pagosky ».
« Sers-moi une aguardiente
Avec du citron
Tenancier
Et t’inquiètes pas mon frère
Que j’ai ce qu’il faut
Pour te payer »
L’aguardiente, en Colombie, c’est une liqueur anisée contenant un alcool de canne de sucre. Une sorte d’eau-de-vie quoi.
Dans ce morceau, le type (Gustavo Quintero) est complètement saoul et raconte, en ajoutant des terminaisons de ruskof à tous les mots, combien il est content d’être amoureux.
Le titre date de 1973

Macondo – Banda Y Coros de Repelón (Colombie)
À mi-chemin entre Carthagène des Indes et Barranquilla, sur la côte Caraïbe de la Colombie.
Repelón, ce qui veut dire en espagnol « ce que l’on arrache », « ce que l’on enlève ».
On raconte que le nom de cette ville, Repelón, vient du fait que les premiers habitant qui se sont installés dans ce lieu, sont venus là pour cultiver les terres.
Repelón n’est pas très haut, 10/15m au-dessus du niveau de la mer, mais les terres en contre-bas, étaient, depuis la construction du canal de Dique non-loin transformées en marécages.
Et donc Repelón, c’était l’action de cueillir.
Le Titre est de 1969.